Slow Food Transformer sa relation à la nourriture

Slow Food : Transformer sa relation à la nourriture

Face à une consommation à outrance, appliquer le « moins pour plus » prend tout sens, notamment dans le domaine de l’alimentation. Avant la société de consommation, chacun se nourrissait des produits de son jardin, de sa basse-cour, de ceux des champs, de la pêche ou de la chasse. 

Aujourd’hui, la société de consommation fait de nous des hommes malades, nous réduisant à n’être que des machines à consommer, des œsophages à remplir, encore et toujours plus. Les vitamines, produits de régime, somnifères, cures d’amaigrissement sont la résultante d’une mauvaise hygiène de vie qui est elle-même partie intégrante de cette insatiable machine.

Comment en sommes-nous arrivés là ?  Pourquoi encourageons-nous, par notre façon de vivre et de consommer, ce que nous savons pourtant faire notre malheur ? Qu’est devenu le bon sens ? 

Nous avons tous en nous la possibilité de redonner à notre corps sa forme originelle, la liberté de ne manger que ce qui est bon pour lui, de dire : “peu de nourriture me suffit. Ce corps, cette vie, c’est moi”

Plus que le plaisir de paraître, c’est celui de se sentir bien avec soi qui stimule le cerveau à agir en vue d’obtenir ce qu’il désire. Manger moins, mieux, en cuisinant, et avec plaisir, voilà peut-être la première recette d’une vie meilleure, une vie plus libre et plus légère.

Dans cet article je vais vous présenter des conseils et des astuces simples pour reconstruire son rapport à la nourriture et retrouver un plaisir vrai.

Manger en pleine conscience

La qualité ne doit pas seulement être nutritionnelle, nous devons aussi prendre conscience du repas et veiller à la qualité de ce moment.  Se nourrir sans frustration, sobrement, sans excès et sans complication, et savourer bouchée par bouchée, les mets que nous choisissons, n’est pas impossible.

Plus que les toxines et les vitamines, ce sont le mental et la joie de vivre, qui conditionnent notre santé. Si l’homme a besoin d’air frais, de soleil, d’eau pure et d’exercice, il a aussi besoin de sentiments profonds, d’amitié, d’amour de joies intellectuelles et spirituelles ainsi que de beauté. Un paris-brest avalé entre deux rendez-vous est aussi toxique pour la santé qu’il lui est bénéfique lorsqu’il est savouré avec lenteur et plaisir sur un plaide devant un feu de cheminée.  

Être à l’écoute des sensations de faim et de satiété ; c’est d’abord apprendre à reconnaître quand on a faim et quand on est rassasié. Cela signifie également ne pas manger quand on ne ressent pas de faim. En effet manger sans faim, c’est manger trop et sans plaisir. Oubliez les régimes. Après plusieurs mois de repas moins copieux, votre corps comprendra qu’il se sent mieux ; il acquerra une sorte d’instinct, votre corps refusera de lui-même des aliments qui l’alourdissent. Lorsque vous commencez à vous dire que vous aimeriez manger, demandez-vous si votre estomac crie salé ? Sucré ? Grosse portion ? Petit en-cas ? Changement d’activité ? Un peu d’air frais ? La réponse vous indiquera ce dont il a besoin à ce moment donné. Faites confiance à votre organisme.

“Être à l’écoute de respecter ses sensations de faim et de satiété est le seul moyen de maintenir durablement son poids d’équilibre sans aucune frustration. Le corps a une fantastique capacité de régulation, il suffit d’écouter ses signaux”

Ariane Grumbach

La satiété modérée est un état flou, contrairement à l’état de satiété complète dans lequel on se sent pleinement repu. C’est souvent parce que l’on mange sans avoir réellement faim que l’on mange…Sans fin. Lorsque l’estomac d’un animal est plein, il cesse de manger. L’homme continue de manger même si son estomac est rassasié. L’homme est d’ailleurs le seul, de tous les êtres vivants, à ne pas savoir instinctivement à quel stade s’arrêter.

Manger lentement. Ce n’est pas ce que l’on mange, mais notre manière de le faire qui apporte du plaisir. Les repas bâclés, pris dans la hâte, le bruit ou un environnement peu accueillant n’apportent que confusion au corps et à l’esprit. Nous abusons de la nourriture, car nous n’en avons pas conscience. Prendre le temps de manger, bouchée par bouchée, mastiquez aussi longtemps que possible. À quoi bon vous presser, puisque le plaisir de manger ne dure que cet instant ? 

Comment moins manger ?

Pas de régimes, mais des autolimites. Attention à la rigidité en matière de restrictions alimentaires. Trop de contrôle aboutit à des excès. Or, c’est à un rééquilibrage progressif qu’il faut procéder. 

L’interdit entraîne la frustration. Aucun aliment ne doit être diabolisé. Chacun doit se savourer avec plaisir et sans culpabilité”

Ariane Grumbach

Toutefois, la liberté n’est pas sans autolimites, et c’est paradoxalement dans ces autolimites qu’elle trouve un surcroît de liberté. Se fixer des autolimites (horaires, proportions) est la solution idéale pour les paresseux, les “sans volonté”.

Réduire la taille des contenants. Au Japon chacun a ses limites fixées par son type de vaisselle. C’est-à-dire que le bol d’un homme âgé est plus petit que celui d’un garçon de vingt ans. Avec un peu d’imagination, nous pourrions, nous aussi adopter ce type de repas tout en consommant des produits de chez nous. Nos vaisselles anciennes sont généralement plus petites que celles d’aujourd’hui. Pourquoi ne pas utiliser des assiettes à dessert à la place de nos grandes assiettes modernes ? Ou de petits bols, ramequins, soucoupes ? La taille des petits contenants est tellement plus adaptée à celle de notre estomac qui correspond à peu près à celle de notre poing !

Voici quelques idées pour réduire les quantités :

L’assiette unique : présenter son repas dans une assiette unique, est une merveilleuse idée de simplicité. L’essentiel est de ne pas se gaver sous prétexte qu’il s’agit d’une assiette unique. C’est une excellente solution pour manger moins et contrôler l’équilibre de son repas et avoir moins de vaisselle à faire ! 

Le repas dans un bol : les Coréens et les Chinois sont les champions de ce type de repas. Ils cuisinent, depuis toujours, d’excellentes soupes-repas dans lesquelles le solide et le liquide se marient assurant un apport en nutrition complet malgré la légèreté des mets. Un bol de 600 ml suffit, mais vous pouvez vous offrir le summum de la légèreté de la commodité, de l’écologie et du raffinement : le bol en laque. Cette matière naturelle est un merveilleux transmetteur de chaleur et maintenir les aliments au chaud tout en étant très douce dans le creux des paumes. De plus d’excellente qualité, elle est incassable et très endurante. Soupe-aliments, salades composées, riz recouvert de légumes. Tout peut être pris dans un bol. 

Le repas sur un plateau : une excellente idée pour apporter à son repas de l’esthétisme et des limites. L’avantage est de pouvoir manger les aliments dans l’ordre que vous désirez, l’endroit et le rythme que vous désirez. Mettez chaque parcelle de nourriture dans différents petits plats invite également à se concentrer sur chaque bouchée et à donner une variété de nutriments à notre organisme. L’esthétique des petites portions invite à manger peu et avec beaucoup de plaisir. Couleurs, formes, matériaux toutes les fantaisies sont permises, et même conseillées. 

Slow food et simplicité alimentaire

Vivre et se nourrir simplement ne veut pas dire se contenter d’un sandwich ou d’une barquette de taboulé, achetés à la hâte sur le chemin de retour du travail. Ce n’est pas seulement se mettre quelque chose à la bouche

Privilégier la qualité à la quantité

Faire des courses intelligentes : pour manger bon, bien, sainement et diététique chez soi, il faut d’abord bien faire ses courses. N’achetez que les quantités dont vous avez besoin, pour cela préétablissez vos menus à l’avance et faites une liste de course. Évitez les grandes surfaces, ces géants du consumérisme vendent bon marché, mais en trop grandes quantités et de mauvaise qualité. Dans cet article “Comment faire ses courses zéro déchet ?” nous soulignons également l’importance d’acheter local

Achetez des produits de saison : acheter de saison permet d’avoir des prix moins élevés et des aliments de meilleure qualité. Ainsi dresser vos menus en fonction de ce que vous trouvez au marché, et non en fonction de vos envies. Vivre au rythme des saisons est meilleur pour notre santé, en effet chaque fruit et légumes acheté localement et de saison répond au besoin du moment. La nature est merveilleuse, ainsi en hiver vous trouverez des légumes racines (navets, carottes, betteraves, panais ou topinambours), rassasiants et réchauffants pour le corps et en été des aliments frais et juteux (tomates, concombre, melon) hydratants et rafraîchissants. Il est tellement dommage de ne pas mettre en valeur, le charme de chaque saison et de vivre en harmonie avec elles. C’est le manque de nouvelles sensations, de nouvelles saveurs qui pousse à consommer plus. Rompez avec la monotonie de la routine en mangeant varié et en suivant les saisons

L’importance de cuisiner

Préparer soi-même ce qui va nous nourrir est essentiel à notre équilibre non seulement physique, mais aussi mental. Outre le fait de retrouver sa propre autonomie, de faire ses courses, de cuisiner, c’est prendre le temps de vivre, prendre soin de soi et des siens, renouveler son énergie et retrouver ses repères. Chacun peut en effet, faire d’une corvée cette merveilleuse expérience de « l’instant présent”.

“La félicité n’existe pas là où l’art de cuisiner est ignoré.”

Jean-Jacques de Cambacérès

Pas de santé sans cuisine. Cuisiner, c’est prendre soin de sa santé tout en préparant ce que l’on aime, et ce, dont notre organisme a besoin. Il n’existe pas de cuisine plus saine que celle que l’on prépare soi-même. La cuisine industrielle contient très peu de légumes et trop d’ingrédients “vides” (matières grasses, sucres, parfum artificiel, exhausteur de goût). Une matière vide d’un point de vue nutritionnel, mais également spirituel. Le but premier de la nourriture est de préserver la santé, pour une vie harmonieuse et équilibrée

Simplifiez-vous la vie et cuisinez simplement

Le slow food est l’art de cuisiner et de décompresser, en opposition au terme “fast food”. Joindre l’utile à l’agréable, et faire de ce moment une activité délassante. Le plaisir des choses simples, faites à la maison sans se presser. Cuisiner, c’est savourer des moments de détente et de bien-être. Si l’on adopte cet état d’esprit, cela devient tout le contraire d’une corvée. 

“Nul exercice de yoga, nulle méditation d’une chapelle ne vous remontera plus le moral que la simple tâche de fabriquer votre propre pain”

M.F.K. Fisher, The art of Eating

Pour avoir envie de cuisiner, même très simplement, il faut une cuisine pratique, agréable, fonctionnelle, dans laquelle on se sent bien. Pour une cuisine minimaliste et fonctionnelle, n’hésitez pas à aller lire notre article “Tous nos conseils pour une cuisine minimaliste”.

Si l’aliment a du goût, pas besoin d’ajouter une multitude d’autre chose. Visez la simplicité qui se rapproche du naturel. Recherchez la perfection dans la qualité des ingrédients et le goût. On a souvent tendance à confondre “qualité” et produits de luxe. Or, l’un n’est pas forcement l’autre. Un fromage préparé avec du lait frais n’a rien à voir avec un fromage pasteurisé. De même que des légumes frais provenant d’un jardin potager qui sont incomparables à ceux cultivés en serres et destinés à la consommation de masse !  

Nourrir son corps et son âme par la beauté

Aiguisez vos sens. Ne vous contentez pas seulement de manger pour “métaboliser” des aliments. Mais profitez de vos 5 sens. Souvent, si l’on mange trop, c’est parce que nous nous éloignons de nos sens, de nos ressenties. Pour être en meilleure santé et vivre mieux, il faut manger moins. Mais surtout, il faut manger avec plus de plaisir, de sensualité et de conscience.

“Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester”

Proverbe indien

Au-delà du goût, ne sous-estimez pas la beauté de vos plats. Utilisez des contenants plus petits, délicats et esthétiques contribue à faire de chaque repas une réjouissance et à moins manger. C’est la fantaisie, l’imagination et la créativité qui font le charme de l’existence. Les personnes qui vivent le mieux et le plus longtemps sont bien souvent celles qui aiment vivre, tout simplement. 

Utiliser de la vaisselle patinée et disparate. Une vielle théière en terre, rugueuse à l’intérieur, lisse et vernie par les essences du thé à l’extérieur, les vrais amateurs de thé n’en récurrent jamais le tanin, car il donne meilleur goût au thé. Attendre avec patience que les objets se patinent et s’embellissent chaque jour un peu plus. Il existe un terme philosophique pour cela : Wabi-Sabi. Une association de 2 mots japonais qui désigne un concept esthétique mêlant bouddhisme zen, taoïsme et shintoïsme.

En japonais, Wabi signifie sobriété, quiétude, modestie et Sabi signifie altération, patine, travail du temps. Cette philosophie de vie nous invite à mener une existence simple, à accepter l’impermanence du monde et à trouver de la beauté en toute chose imparfaite, éphémère ou modeste. Au contact de ses objets, la nourriture et nos repas prennent un tout autre sens. 

“La faiblesse de nos sens ne permet à chacun de nous que de prendre conscience d’une partie bien minime du monde”

Alexandra David-Neel

Régalez-vous également en écoutant. De nos sens, l’audition est, en ce qui concerne l’alimentation, le dernier à être impliqué. Pour enrichir l’atmosphère d’un bon repas, il faut savoir choisir ce que l’on donnera à notre oreille et s’accorder avec le reste : silence ? Musique ? Bruits de la nature ? Une question d’harmonie et de goût ! 

Par le toucher. Quoi de plus délicieux que de saisir avec ses doigts une frite pour mieux la savourer ? Porter les aliments directement à sa bouche est une des satisfactions primitives de l’être humain.

Humer les saveurs. Respirer, c’est déjà se nourrir. Ne pas humer ce que nous allons manger, c’est priver son corps d’un plaisir. 

Quelques astuces à mettre en place pour adopter la frugalité alimentaire :

  • réduire la taille de ses contenants alimentaire ;
  • manger uniquement de saison et localement ;
  • cuisiner l’ensemble de ses repas et simplement ;
  • pas de régime, mais se fixer des autolimites (horaires, proportions) ;
  • ne jamais manger directement ce qui sort du frigo ou du placard, toujours placer la nourriture dans une assiette, dans un bol ;
  • manger lentement, prendre le temps de se poser et ne rien faire d’autre ;
  • même s’il s’agit d’un casse-croûte, manger assis afin d’en profiter au maximum ;
  • trois repas légers par jour ;
  • manger avec les autres pour le plaisir, seul pour la santé ;
  • ne pas prendre plus de cinq repas à l’extérieur par semaine et ne manger que dans des restaurants de qualité.

Vivre avec frugalité et élégance signifie prendre le temps, rester centré, donner la priorité à un nombre restreint de choses afin de ne pas encombrer son esprit et sa vie. 

En mangeant moins mais mieux votre vision du monde et de ce qui vous entoure se métamorphosera en une conscience plus pointue, des actes plus mesuré et justes, un respect de la nature, des autres et vous-même.

Être Minimaliste, c’est manger moins mais mieux.

Et vous, quel est votre rapport à l’alimentation ? Avez-vous tendance à trop manger ? Prenez-vous conscience de vos repas ? 

Slow food : Manger avec frugalité | Etre-minimaliste.com

2 réflexions sur “Slow Food : Transformer sa relation à la nourriture”

  1. Ping : Slow travel : Pourquoi voyager lentement ? | Etre-minimaliste.com

  2. Super article , bien clair avec de belles illustrations qui donnent envie , çà m’inspire , je viens à peine de commencer à changer ma façon de vivre , car effectivement  » less is more « ! et pourquoi ne pas aller au fond des choses en évoluant vers un peu plus de frugalité , ce quine signifie pas manger triste , bien au contraire

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